Résumé
L’émergence de la culture de la lecture en Grèce et sa généralisation progressive en Occident ne peuvent se comprendre pleinement qu’en remontant dans le temps jusqu’à leurs bases, à l’époque archaïque.
D’une part, il existe des témoignages écrits précédant d’au moins deux siècles les premiers livres : il s’agit d’inscriptions gravées sur un support durable, surtout des épigrammes funéraires et dédicatoires. Ces premiers textes réfléchissent à leur propre caractère écrit et construisent la projection d’un lecteur futur, en s’adressant à lui. Et, bien que la littérature archaïque soit intrinsèquement orale, l’on retrouve une approche analogue dans la poésie lyrique dès les VIe et Ve siècles avant J.-C., dans le théâtre athénien, et même dans les épopées homériques : un public lointain et fictionnel est construit, ses réactions et interprétations imaginées et projetées.
Son universalisme a permis à la littérature grecque de concevoir, dans un monde oral, un lecteur futur, et nous permet encore aujourd’hui de lire ces textes comme s’ils s’adressaient à nous.