Résumé
À partir du XIVe siècle, le Roman d’Alexandre connaît des métamorphoses considérables visant à changer l’image du conquérant en un véritable « miroir des princes ».
On y ajoute des annexes qui transforment le roman d’un souverain païen en œuvre chrétienne de moralisation et attribuent à Alexandre des vertus dignes d’un roi chrétien idéal. Ce projet littéraire se manifeste par de remarquables additions au texte : un prologue qui exprime clairement l’intention des rédacteurs ; quelque cent cinquante kafas (vers rimés moralisants) qui constituent autant d’arrêts sur image ; quatre « éthopées » (lamentations rhétoriques sur la maladie et la mort d’Alexandre) ; et une « Économie » (au sens de « plan providentiel ») qui trace en dix-neuf points un surprenant parallèle entre la vie d’Alexandre et celle du Christ.
Ces deux « rois » partagent la qualité de « sauveur » : l’un pour le salut du genre humain dans son ensemble, et l’autre comme image symbolique d’un souverain parfait.
Remaniant les schémas iconographiques de la vie du Christ, les miniaturistes appliquent à Alexandre chacun des points de cette « Économie ».