Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Les informations apportées par le monde des morts, malgré la rareté des sépultures, permettent d’accéder à l’individu et à son appartenance identitaire par le biais de l’évolution du costume et des parures. Une rupture dans l’occupation des sites funéraires intervient au cours de la première moitié du iie s. av. J.-C, allant de pair avec le retour de l’incinération ; comme pour les habitats, une bipartition du Plateau suisse est mise en valeur par l’archéologie, mais gardons-nous d’assimiler de facto de tels changements dans les pratiques funéraires à des ruptures dans le peuplement (même si l’on aurait souhaité confirmer par l’archéologie certaines sources antiques évoquant l’« arrivée » des Helvètes sur le Plateau suisse, venant du sud de l’Allemagne…).

Quant à la sphère cultuelle au sens large, de nouvelles recherches et découvertes alimentent un dossier qui ne cesse de s’étoffer : le site de La Tène, au bord de la Thielle à l’extrémité orientale du lac de Neuchâtel, dont les 150 ans de la découverte ont été célébrés en novembre 2007, a joué un rôle éminent (au même titre qu’Alésia puis Bibracte) dans la définition du Second Âge du Fer qui porte son nom. La Tène est aujourd’hui interprétée, dans le sillage des sanctuaires de Gaule belgique (Gournay-sur-Aronde en premier lieu), comme un lieu sacré où étaient exposés des trophées guerriers à la fin du iiie s. av. J.-C., mais aussi tout un cortège de parures et objets de la vie domestique dont l’inventaire (plus de 4 000 objets) et l’analyse sont en cours. Crânes de chevaux fichés sur des piques, crânes humains portant les traces de coups et manipulations peri-mortem complètent cette mise en scène. Le site exceptionnel du sommet de la colline du Mormont, entre Jura et Léman, a été mis au jour en été 2006 (la fouille n’est d’ailleurs pas terminée) : quelque 300 fosses, véritables puits à offrandes implantés profondément dans le substrat, ont livré des dizaines d’animaux sacrifiés, basculés entiers tête la première dans les fosses, ou découpés en quartiers. Une trentaine de squelettes humains, certains inhumés accroupis dans des coffres (comme à Acy-Romance en Picardie), d’autres portant des traces de découpe ou de décharnement, partagent les ensembles d’os animaux et de mobilier archéologique interprétés comme des offrandes. Parmi les objets de parure (fibules, perles en verre…), les récipients métalliques et céramiques en nombre, les outils agricoles ou d’artisans et autres meules à grain (près d’une centaine), aucune trace d’armement ! Quel(s) événement(s), quelle ferveur ont pu justifier des sacrifices d’une telle ampleur, une ou deux générations avant la guerre des Gaules (alors que les Cimbres et les Teutons y effectuent des razzias) ? Quelle(s) divinité(s) honorait-on ? Chthonienne ? De la fertilité ? Difficile de répondre en l’absence de sources historiques.

Intervenant(s)