La conférence d’Hervé Joubert-Laurencin présente plusieurs exemples de l’autoportrait « infini » que nous offre l’œuvre de Pier Paolo Pasolini. En peintre, il a pratiqué l’autoportrait au miroir ; en poète, épistolier et homme de lettres sous toutes ses formes, y compris politiques et critiques, il a continué l’art de l’autoportrait par l’écriture plutôt que de se livrer à une autobiographie formellement constituée. Son expérience de la vie écrite, filmée et peinte fut si singulière, à ce point systématique et si peu égocentrique ou même égotiste, qu’elle remet en cause l’idée même de l’existence d’un « pacte autobiographique » chez les purs « autobiographes » comme lui, sinon selon le contre-modèle d’un pacte avec soi-même.
En cinéaste, il a recréé un monde second en usant des visages, des corps et des places dans le monde réel de ses amis et de ses proches. Parmi cette ample migration signifiante des figures au sein de sa filmographie, sorte de nouvelle typologie sécularisée, est donné un exemple frappant, une histoire de famille moderne autour de l’homme qu’il a aimé, devenu, mais cette fois avec père et mère, acteur de sa dernière trilogie filmique dite, précisément, « de la vie », Ninetto Davoli.