Colloque

Les acteurs et interlocuteurs locaux de la fièvre antiquaire dans l'Empire ottoman (1780-1830)

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Dès la fin du XVIIIsiècle, l’Europe se découvre une passion renouvelée pour les vestiges d’un passé classique dont elle revendique l’héritage. Nous connaissons assez les principaux protagonistes de cette aventure, de Choiseul-Gouffier à Lord Elgin et aux nombreux « inventeurs » de la Vénus de Milo. En revanche, la dimension locale est beaucoup moins connue ; parfois, elle est totalement ignorée. C’est un vaste éventail d’individus que couvre cette qualification d’acteurs et d’interlocuteurs locaux. Au sommet, la bureaucratie ottomane, les auteurs des firmans et décrets autorisant – et parfois interdisant – l’acquisition d’objets et d’éléments architecturaux. Au bas de l’échelle, de modestes villageois ou citadins qu’un attachement – souvent jugé « superstitieux » – à un objet ou monument pousse à défier l’appétit prédateur d’antiquaires éclairés. Entre les deux, tout une gamme d’individus plus ou moins puissants, plus ou moins conscients, plus ou moins engagés : gouverneurs ou notables locaux ; braconniers qui cherchent à écouler le produit de leurs fouilles ; paysans qu’une découverte fortuite projette sur le devant de la scène ; premières sociétés savantes émulant le modèle occidental ; petits intermédiaires entre diplomates européens et potentats locaux…

Le colloque a réuni des spécialistes du sujet qui ont fréquemment contribué à la « grande » histoire des débuts de l’archéologie, mais qui se sont aussi penchés sur le revers de la médaille à travers une réflexion et des interrogations sur la dimension locale évoquée ci-dessus. Il ne s’agit pas de faire une histoire alternative ou réactive ni de prétendre « remettre les pendules à l’heure » ; l’objectif est plutôt d’enrichir ce récit en lui apportant une dimension critique et, surtout, en le rendant moins univoque par l’apport de ces voix et perspectives locales, ottomanes et post-ottomanes. Cette incursion dans le domaine des connaissances, des mentalités et des pratiques des populations ottomanes et post-ottomanes pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans une histoire connectée encore en chantier.

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