Résumé
Lorsque l’ambassade envoyée par le duc de Gottorp à la cour de Perse est évoquée par les historiens, les aspects diplomatiques de la mission sont rarement pris en compte : le regard porté sur cette ambassade et ses résultats reste aujourd’hui encore largement tributaire des descriptions de voyage auxquelles elle a donné le jour, et notre connaissance de cet échange est par conséquent limitée par un prisme épistémologique qui l’a volontiers réduit à l’un des épisodes de la « création de l’Orient ». Pourtant, outre les célèbres récits publiés par le savant Olearius (secrétaire de la mission), d’autres sources permettent de saisir les enjeux et la complexité du projet ducal, et ainsi de mieux comprendre les modalités de la rencontre entre la délégation gottorpienne et ses hôtes persans. Cette communication vise à replacer l’ambassade de 1637-1638 dans le contexte des relations internationales en prenant en compte sa dimension politique, sociale, économique et culturelle. L’objectif est de montrer qu’une approche croisant l’histoire connectée et la « nouvelle » histoire diplomatique – centrées toutes deux sur les acteurs et les pratiques à l’œuvre dans les rencontres entre différents mondes – permet de porter un regard nouveau sur un échange longtemps considéré comme caractéristique de l’esprit baroque du XVIIe siècle et perçu en cela comme une irrégularité dans l’histoire des relations internationales de l’époque moderne.