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La production en masse de données numériques a rapidement ouvert la possibilité d’exploiter des informations en quantités inédites. De nombreuses activités humaines peuvent désormais être analysées avec de nouveaux moyens. Les traces numériques des usagers des moteurs de recherche, des réseaux sociaux ou des sites d’achat en ligne engendrent une masse d’informations sans précédent, non seulement sur les usages d’internet en général, mais aussi sur les centres d’intérêts des individus, leurs pratiques de consommation, ou leurs orientations politiques ou religieuses. Au-delà d’internet, une production comparable de données numériques de masse est assurée par un nombre croissant d’objets connectés (capteurs de présence humaine, systèmes de géolocalisation, relevés de consommation d’électricité, systèmes de mobilité urbaine de type Vélib, etc.). L’expression « Big data » est alors souvent mobilisée pour désigner ce phénomène.

Organisée autour de trois grands axes de réflexions, cette journée d’études a pour objectif général d’éclairer les enjeux de ces développements pour les sciences sociales. La démarche consiste en premier lieu à dresser un panorama des usages sociaux des données numériques de masse, qu’ils soient strictement académiques ou qu’ils soient plus instrumentaux, sans oublier de replacer ces usages dans une perspective sociohistorique. Cela conduit en particulier à interroger la pertinence des propos sur le caractère « révolutionnaire » du phénomène. Dans un second temps, les « Big data » seront abordées en tant que terrains d’enquêtes pour les sciences sociales : que donnent à voir ces objets sur le monde social dans lequel ils se déploient, et comment peut-on les étudier ? Enfin, il sera question d’aborder les données numériques de masse comme outils de recherche en sciences sociales : quelles perspectives ouvrent-elles à la sociologie, à l’économie, aux sciences humaines, et quels problèmes pratiques de stockage, d’exploitation ou d’interprétation soulèvent-elles ? À partir de cette approche, il est question d’aborder de manière transversale les usages et les partages des données numériques de masse, qu’ils soient orientés vers des fins commerciales, scientifiques ou évaluatrices. Ce sera l’occasion d’envisager les éventuelles incidences de l’industrialisation des données massives sur les activités économiques, politiques et scientifiques : fait-elle émerger de nouveaux marchés, de nouvelles modalités d’action publique, de nouvelles pratiques de recherche ?

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