Résumé
L’étude de la matière organique constituant les objets d’art ou retrouvée dans les vestiges archéologiques est un véritable challenge analytique. Ces échantillons, soumis à des stress physiques, chimiques et temporels, voient alors leur matière organique constitutive incluse dans des matrices complexes, se dégrader ou se dénaturer de manière irréversible. La caractérisation de cette matière organique représente une source inestimable d’information, vers la compréhension des mécanismes de vieillissement. La conférence traitera des nouvelles méthodologies que nous avons proposé, basées sur l’analyse protéomique et la spectrométrie de masse de très haute résolution, permettant d’identifier précisément les protéines à partir de quelques microgrammes d’échantillons du patrimoine culturel et, plus pertinemment, d’identifier les espèces animales d’origine et les modifications liées au vieillissement. Plusieurs exemples illustrant ces méthodologies seront présentés, comme l'étude d’une colle de poisson contenue dans une polychromie multicouche du XVIIe siècle composée de liants de différentes origines. Une partie de l’exposé sera consacrée aux développements méthodologiques pour l’étude de composés lipidiques natifs (analyse lipidomique) et leurs applications comme l'authentification des origines biologiques de lipides retrouvés dans des lampes archéologiques. Nos challenges analytiques actuels, liés à l'analyse des macromolécules intactes, ainsi que leurs apports pour l’étude de ces échantillons anciens, seront également détaillés.