L'arrivée de l'Homo sapiens dans les latitudes septentrionales froides a eu lieu plusieurs milliers d'années avant la disparition des Néandertaliens dans le Sud-Ouest de l'Europe.
Une équipe de recherche internationale, dirigée par le Pr Jean-Jacques Hublin, annonce, dans la revue Nature, la découverte de fossiles d'Homo sapiens dans la grotte Ilsenhöhle à Ranis, en Allemagne. Ces fossiles sont les plus anciens directement datés jamais découverts en Europe. Ils remontent à plus de 45 000 ans et sont associés à une industrie de pierre taillée connue sous le nom de Lincombien-Ranisien-Jerzmanowician (LRJ). Le LRJ, qui s’intercale entre le Paléolithique moyen associé à Néandertal et le Paléolithique supérieur réalisé par Homo sapiens, est connu depuis la Pologne jusqu'aux îles Britanniques. Cependant, jusqu’à présent, ses artisans restaient totalement inconnus. C’est l’utilisation combinée de l’analyse de protéines fossiles et d’ADN ancien qui a permis de détecter leurs restes au milieu des milliers de fragments osseux animaux exhumés dans le site. Les découvertes de Ranis prouvent que de petits groupes d’Homo sapiens étaient présents en Europe du Nord-Ouest plusieurs millénaires avant la disparition des hommes de Néandertal dans le Sud du continent. Probablement grâce à leur meilleure adaptabilité, ils ont survécu dans des zones peu hospitalières, au milieu de paysages comparables à ceux du Nord de la Scandinavie actuelle.