Actualité

Accueil de MM. Ehud Olmert et Nasser Al-Kidwa et de Mme Anne-Claire Legendre au Collège de France

Dans le cadre de la chaire annuelle L'invention de l’Europe par les langues et les cultures proposée cette année à Wajdi Mouawad, en partenariat avec le ministère de la Culture, le quatrième séminaire du 11 mars 2025 avait pour thème « Écriture des conciliations et des réconciliations, échec et entêtement des médiations en zones de conflits ». Y participaient, de façon tout à fait exceptionnelle, MM. Ehud Olmert et Nasser Al-Kidwa, respectivement ancien Premier ministre d’Israël et ancien ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, ainsi que Mme Anne-Claire Legendre, conseillère Afrique du Nord et Moyen-Orient auprès de la Présidence de la République française.

Image séminaire Wajdi Mouawad 11-03-2025
L'amphithéâtre Marguerite de Navarre du Collège de France, le 11 mars 2025.

Si l’écriture, thème central des leçons données par Wajdi Mouawad, est regardée comme un espace d’expression des paradoxes et des épreuves, un miroir de nos existences, comment, pour un écrivain, persévérer face aux échecs de l’écriture elle-même et son incapacité d’être à la hauteur des ambitions de départ ? En ce sens, comment tenir face aux échecs et à l’impuissance apparente de la diplomatie devant la crispation de plus en plus brutale des antagonismes de notre époque ? À quoi peut encore être utile la diplomatie et en quoi son langage est adapté aux mensonges de notre époque, devenus une arme déclarée de bien de nos dirigeants ? Quelle valeur accordée à la nuance et la place de l’ennemi si, pour arriver à l’apaisement des conflits, il faut d’abord accepter de s’asseoir avec cet ennemi ?

Pour débattre de ces questions, Wajdi Mouawad a décidé d'inviter MM. Nasser Al-Kidwa et Ehud Olmert, ainsi que Mme Anne-Claire Legendre. À partir des tentatives d’accords diplomatiques dans le conflit israélo-palestinien, il s’agissait de comprendre comment, dans les situations où plus rien ne semble possible, il est obligatoire de revenir au texte puisqu’il n’existe aucune autre alternative. Comment les mots deviennent des espaces de négociation, des rapports de force et des espaces de rencontre. Comment l’écriture est condamnée à la conciliation malgré toute impossibilité.

Redessinant les contours de l’espace dans lequel évolue le langage de la diplomatie, insistant sur la nécessité de tenir toujours le fil de la confiance et de la vérité dans le labyrinthe des traumatismes et des violences, Anne-Claire Legendre a tracé le panorama des efforts diplomatiques sur le conflit israélo-palestinien et la nécessité aujourd’hui plus que jamais de redonner une actualité à la solution à deux États, seule solution susceptible de répondre aux aspirations de deux peuples et de la région à la paix et à la sécurité.

Nasser Al-Kidwa et Ehud Olmert se sont ensuite exprimés sur les vertus d’une proposition commune visant à résoudre pacifiquement le conflit israélo-palestinien, principalement tournée vers une solution à deux États, avec un statut particulier conféré à la ville de Jérusalem. Ils ont rappelé l’importance pour les négociateurs de la paix de devoir faire abstraction de leurs propres convictions (certains par le passé ont payé de leur vie la défense de solutions de paix, au-delà même de leurs convictions) et tenter de se départir du passé, en ne pensant qu’aux générations futures.

Si la question de l’échec régulier est implicitement reconnue, il a aussi été exprimé que le chemin de la diplomatie consiste à revenir et à répéter toujours la même chose, dans un rapport entêté, jusqu’à ce que, de guerre lasse, ceux qui ont le pouvoir de signer la cessation des hostilités comprennent et entendent qu’il ne peut pas y avoir d’autres solutions.