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Présentation de la chaire
Je conçus la chaire comme une chaire de poétique où je continuerais une grande réflexion commencée il y a longtemps sur la vision biblique du monde : vie-mort-résurrection, ou Éden-terre maudite-« nouvelle terre », et sur son pouvoir d’expliquer l’origine et la finalité de toutes les formes d’art et du langage, d’irriguer la philosophie, et de rassembler dans l’unité tout ce que la pensée peut saisir. J’étudiais ce motif ternaire dans les tragédies de Shakespeare et les comédies de Molière, et je montrai la recherche d’un renouvellement à l’œuvre dans l’acte même d’écrire, de peindre, de composer la musique, et de nommer le réel dans des mots, toutes ces activités ayant pour but l’entrevision dans le monde d’autre chose. Je développai le concept de l’anaktisis (recréation), plus exacte et plus féconde que la mimesis d’Aristote, et celui de l’étrangèreté, l’étrangeté du monde étranger où nous entrons dans les arts et dans une seule parole bien comprise.
La matière des cours était la littérature d’Homère à Philippe Jaccottet, plusieurs artistes et compositeurs, et certaines idées philosophiques – l’émerveillement, par exemple, le bonheur – spécialement pertinentes. S’offraient comme un champ particulièrement fertile les différences entre les langues et les littératures anglaises et françaises dans leur manière d’envisager les rapports entre langage et réalité, et, par des œuvres et surtout par la poésie, de nommer le monde à nouveau. Deux moyens contrastés de concevoir le moi et l’autre, et, par une diligente attention à la syntaxe, à la syllabe et au son, de porter la recherche, dans la réalité quotidienne, d’un ailleurs à venir.