Résumé
Jean-Philippe Bouchaud inscrit son travail dans un rapprochement entre physique statistique et sciences sociales, afin d’éclairer la nature de phénomènes collectifs mis en jeu dans des systèmes constitués d’un très grand nombre de variables et dont les conséquences, dans des domaines aussi variées que l’économie ou la santé, sont aussi au cœur des politiques publiques. Le déclenchement de la grande crise économique de 2008 constitue pour lui un objet d’étude remarquable, où l’on remarque que le système économique, par un jeu complexe de boucles, d’interactions et de rétroactions, engendre sa propre instabilité.
Transitions de phase et changements d’état de la matière, vol collectif des oiseaux, avalanches, évolution du climat, sont des phénomènes caractérisés par des effets de seuil ou d’émergence soudains Si ces questions sont constitutives de la difficulté initiale à modéliser certains systèmes complexes naturels, il est possible d’envisager aujourd’hui, grâce à la puissance des modèles de la physique statistique, la description et l’analyse de phénomènes sociaux complexes, comme les comportements des acteurs économiques, des réseaux d’entreprises ou des marchés financiers.
Outre le bénéfice qu’il est possible d’escompter de la meilleure compréhension de phénomènes catastrophiques, comme les crises économiques, les processus sur lesquels travaille Jean-Philippe Bouchaud concernent également des phénomènes moins tangibles mais constitutifs des sociétés, comme le degré de confiance ou de défiance qui les caractérise.
La chaire annuelle Innovation technologique Liliane Bettencourt du Collège de France bénéficie depuis sa création en 2006 du soutien de la Fondation Bettencourt Schueller.