Avec la pandémie de covid, la santé publique a fait irruption dans le monde. Tout ce qui fait le mouvement des sociétés s’est brusquement mis à tourner autour des questions sanitaires.
Pour saisir cette expérience, le cours propose un détour en partant d’une scène ordinaire et méconnue pour, au fil des leçons, en décliner les différents enjeux à travers une série d’études de cas conduites sur trois continents. La vérité du chiffre invite à réfléchir sur la manière dont le travail de quantification représente les faits sociaux et sanitaires. Les frontières épistémiques interrogent la confrontation de conceptions profanes et savantes de la maladie adossées à des légitimités concurrentes. Les thèses conspirationnistes révèlent des réactions de défiance à l’égard des savoirs autorisés et des pouvoirs officiels. Les crises éthiques dévoilent des mécanismes de violation des droits et de détournement des communs au bénéfice d’intérêts privés. Quant aux enquêtes portant sur les exils précaires et les épreuves carcérales, elles permettent d’appréhender, à travers deux catégories, les migrants et les prisonniers, la généalogie et la sociologie de l’administration des populations vulnérables.
Chacun de ces enjeux jette un éclairage singulier sur la pandémie de covid et permet de l’appréhender autrement. Au terme de ces excursions anthropologiques, la santé publique peut apparaître simultanément comme un miroir tendu à la société et un reflet que cette dernière lui renvoie.