Résumé
On a tiré les leçons du cours précédent et rappelé l’apport, mais aussi les limites de l’étymologie pour la compréhension du langage et des signes : réflexion présente dans le Cratyle, qu’on retrouvera, chez Abélard et au XIIe siècle : le langage ne donne pas le réel d’un coup ; entre la chose et l’idée vient en tiers le sens des mots [4]. S’agissant d’Aristote, on a aussi rappelé : sa distinction entre signe et symbole qui permet 1) de distinguer registres animal et humain (indissociable de l’inscription sociale et politique des relations humaines fondée sur la philia, dont le langage est le ciment ; 2) d’élargir les champs de recherche: celui du symbole étant réinvesti du côté du signe linguistique (d’où la triple lecture qu’en fera le Moyen Âge à partir notamment de Boèce : signes parlés, signes écrits, expression de l’âme, avec insistance sur la logique, le raisonnement, le syllogisme, sur l’espace de la connaissance). Quant aux signes, ils gardent toute leur place dans la rhétorique, la poétique, la physiognomie, mais aussi dans la structure des enthymèmes ou de certaines figures du syllogisme et dans la manière dont ils participent de ces modes de l’inférence que sont l’induction ou l’abduction. Le privilège accordé aux signes linguistiques n’est pas anodin : un langage de choses serait vain. En utilisant les mots, comme des « symboles » des choses, on les définit dans les termes d’une relation de renvoi à la réalité, non de parallélisme strict ou de symétrie parfaite, mais qui relie un à plusieurs, et non un à un, un seul et même nom à une pluralité de choses. D’où la fonction taxinomique du langage humain qui relève, non des mots, mais de nos capacités cognitives, logiques ou rationnelles. Mots et pensées ne sont donc jamais dissociés du monde : sémiotique et ontologie sont tout un. D’où le double rôle des catégories, de ces « logoi », autant de « définitions », bref, d’« intermédiaires » entre les mots et les choses.