Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Le Sras, ou syndrome respiratoire aigu sévère, a marqué les esprits. Ce fut d’abord la première grande pandémie du XXIsiècle. Son émergence est due au franchissement de la barrière d’espèces par un coronavirus totalement inconnu dont le réservoir est la chauve-souris, et qui va infecter l’homme par l’intermédiaire des civettes palmistes masquées consommées dans les restaurants du sud-est de la Chine. Grâce aux progrès de la biologie moléculaire, il a été possible de retracer le parcours de ce nouveau virus qui a conquis la planète en quelques semaines. Il a été notamment démontré qu’un médecin de Canton a infecté fin février 2003 dans un hôtel à Hong Kong dix personnes parties ensuite dans cinq pays différents, déclenchant ainsi la pandémie. Même si la mortalité a été faible (774 morts en six mois), l’épidémie a eu un impact médiatique retentissant, du fait de la nouveauté du virus, de sa diffusion rapide dans des pays industrialisés (Hong Kong/Chine, Singapour, ou le Canada) et de son tropisme hospitalier (infection des personnels, fermeture des hôpitaux).

Il a fallu deux mois pour l’identification du coronavirus par les équipes de l’université de Hong Kong et du CDC d’Atlanta. La présence de cuisiniers parmi les premiers patients a incité les virologues et les épidémiologistes à enquêter dans les marchés de Canton pour identifier l’animal responsable de la transmission du virus à l’homme, qui s’est avéré être un petit carnivore consommé localement, la civette palmiste masquée. Du fait de la similarité des récepteurs ACE2 de l’épithélium de l’oropharynx des civettes et des hommes, seules deux mutations permettaient l’adaptation au récepteur de l’homme d’un virus adapté au récepteur de la civette, expliquant ainsi comment la civette a pu jouer le rôle d’hôte intermédiaire dans la transmission du virus à l’homme. Le réservoir du coronavirus, une chauve-souris de l’espèce Rhinolophus, a finalement été identifié, sans que l’on sache comment le virus est passé de la chauve-souris à la civette palmiste masquée. Le contrôle de l’épidémie a été possible par des mesures strictes d’isolement des cas, contagieux seulement quatre à cinq jours après le début des symptômes, et la restriction des déplacements. Le retard à la déclaration des premiers cas par la Chine a conduit à une modification du Règlement sanitaire international en 2005, obligeant dorénavant les pays à déclarer à l’OMS les foyers anormaux de cas suspects. Cette pandémie a finalement pris l’allure de grande répétition de ce qui nous attend en cas d’émergence d’un virus inconnu. Espérons que nous en aurons retenu les leçons.