Résumé
« La bande dessinée en l’an 2000 ? Je pense, j’espère, qu’elle aura (enfin !) acquis droit de cité […] qu’elle sera devenue un moyen d’expression à part entière, comme la littérature ou le cinéma. Peut-être – sans doute – aura-t-elle trouvé son Balzac. Un créateur qui, doué à la fois sur le plan graphique et sur le plan littéraire, aura composé une véritable œuvre », déclarait Hergé le 20 janvier 1969. Cet espoir a fait plus que se réaliser.
Pendant des décennies, la bande dessinée n’a pourtant même pas eu de nom, ce qui ne veut pas dire qu’elle était sans existence. On parlait d’histoires en images ou d’illustrés. Elle n’avait pas non plus d’Histoire. Associée à l’enfance et au divertissement, elle était publiée dans des supports éphémères. Rares étaient les auteurs à connaître les honneurs du livre.
La reconnaissance de la bande dessinée a d’abord été le fait de collectionneurs, désireux de retrouver les séries de leur enfance et entretenant le mythe d’un âge d’or : chaque génération voulait célébrer les œuvres avec lesquelles elle avait grandi. Pour faire oublier sa mauvaise réputation, on cherchait à lui trouver de glorieux ancêtres, des grottes de Lascaux à la tapisserie de Bayeux.
Les choses ont changé au cours des dernières décennies avec le développement du roman graphique, la féminisation d’un monde trop longtemps masculin, l’intérêt porté aux planches originales, l’ouverture à la non-fiction… Mais la reconnaissance contemporaine de la bande dessinée comme neuvième art n’est pas dénuée d’ambiguïtés.