Salle 5, Site Marcelin Berthelot
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C’est à la fin du IIe siècle av. J.-C. qu’ont été rédigés les Mémoires historiques (Shiji), une description de l’histoire du monde tel qu’il était connu en Chine, depuis ses débuts jusqu’à l’époque de ses auteurs Sima Tan et Sima Qian. La plus grande partie de cet ouvrage est consacrée au Ier siècle de la dynastie Han. Le Hanshu (Livre des Han) de Ban Gu, écrit vers l’an 80 ap. J.-C., traite l’histoire des deux premiers siècles de la dynastie Han jusqu’au début de l’ère chrétienne.

Le Shiji et le Hanshu montrent une série de similitudes structurelles curieuses et marquantes qui nous révèlent un certain nombre d’informations sur la façon de penser des anciens historiens chinois. Les dix derniers chapitres du Shiji ont une signification toute particulière que l’on peut dévoiler en les comparant avec certaines suites de chapitres du Hanshu. On a la forte impression que Ban Gu, en écrivant les chapitres 58 à 66 du Hanshu, a eu sous les yeux les dix derniers chapitres du Shiji, qu’il reprit partiellement, ne négligeant que deux chapitres sur la divination (bientôt considérés perdus par la tradition chinoise, donc pas complètement fiables). L’auteur du Hanshu a donc lu le Shiji et il s’en est servi.

Il y a un sens à l’ordre de ces chapitres. Elles narrent l’histoire dans un ordre logique. Sima Qian, l’auteur du premier de ces deux ouvrages historiques, était doué d’un esprit extrêmement critique : à travers son histoire dynastique, il adressait une critique violente à la dynastie régnante et spécialement à l’empereur Wu, son contemporain.

Sima Qian, à travers ces biographies, brosse tout au long des chapitres un tableau de la société de l’époque, qui inclut les défenseurs de la politique de l’empereur Wu, ses conséquences dans le pays, son opposition et ses effets sur l’économie. L’auteur achève son récit en un apogée dont la tonalité est indubitablement critique.