Après avoir prévu dès 1785 le fatal avènement de la révolution française, Joachim Cerruti publiait en 1788 son Mémoire pour le peuple français. Il y lançait un cri d’alerte : « Le sujet de nos espérances est devenu celui de nos disputes ». L’espérance du juste est l’élément commun entre toutes les révolutions dans le monde. Si la révolution est une révolte qui passe dans le droit et la Constitution, c’est parce que le droit est précisément le champ qui recueille les espérances. La plupart des révolutions qu’a connues le monde musulman ancien sont des réactions, soit à un problème d’inégalité ethnique, soit à une intolérable discrimination sociale, soit à l’excès de pouvoir. Évidemment, dans le monde ancien, les révolutions prenaient une expression religieuse. Les révolutions modernes n’ont ni le même langage, ni les mêmes conceptions philosophiques, comme le prouve l’expérience de la révolution tunisienne de 2010 / 2011. Cette révolution démocratique sera examinée à la lumière de son passé historique, théologique et anthropologique, puis dans les contradictions, les revers et les crises qui la font passer de l’espérance à l’incertitude. La leçon inaugurale s’achèvera par une réflexion générale sur les révolutions dans le monde arabe actuel.
Leçon inaugurale