Résumé
La civilisation japonaise s’est très tôt affirmée dans un rapport de « concurrence linguistique » avec le chinois, tant dans la sphère religieuse que littéraire et intellectuelle. Cette symbiose culturelle articulée sur le façonnage de la langue, que Jean-Noël Robert propose d’appeler hiéroglossie, est la source ultime du discours que prononça Yasunari Kawabata à la réception du prix Nobel de littérature en 1968 : en puisant ses sources dans la poésie bouddhique japonaise, il s’inscrit dans la tradition zen et la mystique du langage de l’école Shingon, selon laquelle il existe un lien direct entre les signes linguistiques et la substance des choses.