La recherche récente a également bouleversé un autre dogme classique en psychologie cognitive : l'idée que les effets d'amorçage subliminal sont automatiques, rigides, et indépendants des stratégies ou de l'attention du sujet. La théorie classique (Posner & Snyder, 1975) fait coïncider toute une série de propriétés : le caractère rapide, parallèle, non-contrôlable, non-intentionnel et non-conscient des opérations cognitives dites « automatiques » y est opposé au caractère lent, sériel, contrôlé, intentionnel et conscient des opérations dites « stratégiques ». Il ne fait guère de doute qu'une distinction de ce type doive être maintenue, mais l'idée d'une dichotomie parfaite, sans aucun recouvrement entre les processus automatiques et contrôlés, a été mis à mal par l'observation que l'attention et les stratégies conscientes peuvent moduler les opérations cognitives jusqu'au plus bas niveau de la perception. Il semble donc logique de postuler que l'amorçage subliminal puisse également être sous l'influence des stratégies conscientes.
La démonstration de la justesse de cette hypothèse s'est faite en plusieurs temps. Tout d'abord, il a été démontré que l'amorçage subliminal dépend de l'attention temporelle : un stimulus subliminal qui survient à un moment inattendu cesse de donner lieu à des effets d'amorçage significatifs dans les temps de réponse (Naccache, Blandin & Dehaene, 2002). Il en va de même de l'attention spatiale : l'effet d'un stimulus masqué par méta-contraste varie selon que sa position spatiale reçoit ou non une amplification attentionnelle (Kentridge, Nijboer & Heywood, 2008).