Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Paul Demont a présenté les différents aspects sociaux et politiques de l’emploi du tirage au sort dans la Grèce ancienne. Attesté notamment dans l’épopée et dans la tragédie comme un moyen de sélectionner un champion lors des combats décisifs, il suppose la croyance en l’intervention des dieux pour orienter le sort. Les réponses oraculaires pouvaient aussi être gouvernées par le sort dans les grands sanctuaires. C’est également, en matière successorale, ce qui permet la répartition des biens entre frères. Il contribue donc à divers égards au bon fonctionnement de la cité et on le trouve même employé, toujours sous la protection des dieux, pour mettre fin à la guerre civile.

Pour en évaluer le rôle, estime Paul Demont, il faut un examen attentif de sa base de départ : destiné à sélectionner ou à répartir entre des égaux, il s’adapte en effet à différentes régimes d’égalité, depuis les aristocraties jusqu’aux fratries, réelles ou symboliques, et aux démocraties, où son emploi est généralisé. À Athènes notamment, on a pu reconstituer avec précision le fonctionnement des « machines à tirer au sort » dont parle Aristote dans la Constitution d’Athènes. Mais ce n’est que progressivement, au fur et à mesure de l’élargissement de la base du tirage au sort, qu’il a été identifié presque exclusivement à la démocratie, d’une façon le plus souvent critique, notamment dans la perspective des philosophes qui contestaient la nature égalitaire de la base de départ, ne reconnaissaient plus, ou ne reconnaissaient plus guère le rôle des dieux en la matière, et réservaient l’activité politique à la possession d’un savoir et d’un savoir-être.

Paul Demont est professeur à l’université de Paris-Sorbonne (Paris-IV), directeur de l’École doctorale « Mondes anciens et médiévaux ». Il a notamment publié La Cité grecque archaïque et classique et l’idéal de tranquillité (Les Belles Lettres, 1990, rééd. 2009).

Intervenant(s)

Paul Demont

professeur à l’université de Paris-Sorbonne (Paris-IV), directeur de l’École doctorale Mondes anciens et médiévaux