Post-truth est le mot de l’année, mais désigne-t-il un moment ou un régime ? Qu’est-ce que vivre la post-vérité et comment une réflexion historique sur l’avant de la vérité peut-elle jeter des lueurs d’intelligibilité sur nos hantises contemporaines ? On repart d’une analyse de Michel Foucault qui, dans Du gouvernement des vivants, établit cinq articulations historiques entre l’art de gouverner et la manifestation de la vérité. Prenant à rebours cette généalogie, dont les moments se superposent davantage qu’ils ne se succèdent, on se porte en-deçà du seuil de répulsion machiavélienne pour examiner les doctrines médiévales de la vérité : faisant du pape un « docteur de vérité », la réforme grégorienne renforce la théorie transcendantale d’une vérité comme hypostase du Christ. Mais elle n’empêche pas le développement parallèle, à partir du XIVe siècle surtout, des procédures rationnelles d’approximation du vrai par « certitudes probables », construisant une définition logique de la vérité. Car le pouvoir des doctes se fonde sur « l’orthodoxie de l’invraisemblable » (Catherine König-Pralong), autrement dit, la faiblesse de croire. Le cours s’achève sur un retour à Machiavel et à une analyse de son exigence d’andar drieto alla verità effettuale della cosa.
11:00 à 12:00