Le cours reprend, pour la seconde année, une analyse des relations entre l’Orient et l’Occident. Il envisage de reconstruire l’archéologie du trait distinctif de l’Orient arabe contemporain : le jeu d’interventions et d’ingérences. Deux types de rapports structurent le lien entre acteurs intérieurs et extérieurs. Les premiers peuvent requérir une action des seconds et ainsi renforcer leurs positions sur les scènes locales : ils souhaitent leur intervention. Un deuxième mode tient à l’ingérence, c’est-à-dire à l’intrusion violente de l’acteur extérieur sur la scène locale, sans le consentement des partenaires locaux. L’un et l’autre ne sont donc que deux formes prises par des relations similaires. Naturellement, les intérêts matériels et de puissance expliquent pourquoi les puissances européennes agissent sur la scène orientale. Mais ils ne peuvent expliquer à eux seuls la nature de la relation. La formation d’une opinion publique en Europe et dans le Levant contribue à forger des représentations et des motivations nouvelles, bientôt qualifiées d’humanitaires. Ainsi une triangulation relie diplomatie, jeux politiques internes à l’Empire ottoman et ses provinces (égyptiennes en particulière) et opinion publique. De cette dernière naît la question d’Orient.
S’il y a question, c’est sous une forme qui ne peut recevoir aucune réponse ou solution aisées. Chaque moment de crise – né d’un conflit microlocal relayé par les agents des puissances (les consuls) – donne lieu à la redéfinition des positions de chacun – les grandes puissances entre elles dans un rapport de force, les grandes puissances avec les différents protagonistes locaux dans un rapport de domination, les lettrés et savants dans un rapport de connaissance à la base des nouvelles représentations. Aussi, ce second volet des rencontres d’Orient et d’Occident tente de retracer les scansions nouvelles des crises orientales entre 1860 et 1882.