Conférence en anglais.
L’Âge du Bronze ancien au sud du Caucase est daté entre la seconde moitié du IVe et le IIIe millénaire av. n. è. Il est relié à la culture Kuro-Araxe. Cette culture d’anciens agriculteurs s’est étendue jusqu’en Anatolie orientale, en Iran du Nord-Ouest et en Syrie-Palestine.
Au cours de la seconde moitié du IIIe millénaire, dans la partie centrale du Caucase sud, c’est-à-dire en Géorgie orientale, apparaissent de riches inhumations sous de grands kourganes. Deux groupes ont été différenciés, Martkopi et Bedeni. L’apparition des inhumations sous kourganes est reliée à l’activité de groupes nomades issus des steppes eurasiennes. Au IIIe millénaire, en effet, on assiste à l’infiltration, avec des degrés d’intensité variés, d’éléments issus des steppes du nord vers les cultures d’agriculteurs d’Asie centrale, du sud Caucase et des Balkans.
Au sud Caucase, l’apparition de ces éléments nouveaux a conduit à des transformations importantes de la culture locale, bien qu’on ne puisse pas parler de migration massive. Le modèle le plus probable est que cela ait concerné de petits groupes qui prirent le contrôle des sphères guerrières et politiques tandis que les traditions locales de la culture matérielle étaient préservées.
Cette période des kourganes du Bronze ancien a encore été peu étudiée. En Géorgie, ces vestiges ont été fouillés dans les années 1960-80 et ils font toujours l’objet de diverses interprétations. La découverte de nouveaux kourganes est donc importante.
Les fouilles archéologiques de ces dernières années en Géorgie ont mis au jour de nombreux sites intéressants de diverses périodes. Parmi les plus importants figurent ceux de la mission du Centre archéologique du Musée National de Géorgie, sous la direction de l’auteur. Il s’agit du grand kourgane 3 d’Ananauri dans le district de Lagodekh, sur la rive gauche de la rivière Alazani, fouillé en 2012.
Le tumulus du kourgane avait un diamètre de 100 m et une hauteur de 12 m. Il était entièrement en terre mais recouvert d’une couche de pierres. Sous le tumulus, au centre, au niveau ancien de la plaine, une zone faite de deux couches de poutres de chênes de 25x15 m a été mise au jour. Elle était recouverte d’une couche de copeaux de bois de 20 cm d’épaisseur et saupoudrée d’ocre. Ceci servait de toiture à la chambre funéraire. Cette dernière, de 9x6,5 m, était creusée dans le sol sur une hauteur de 2,25 m et entourée de rondins de bois. Son sol était aussi en bois et trois poteaux soutenaient la couverture.
Le kourgane a été pillé il y a fort longtemps, sans doute peu de temps après l’inhumation. Néanmoins, on y a fait de nombreuses trouvailles exceptionnelles : deux chars à quatre roues en bois, un fauteuil en bois, de la poterie décorée et de la vaisselle en bois, des pointes de flèches en silex et en obsidienne, des bijoux en or et en pierre semi-précieuse ainsi qu’en ambre, etc.
Grâce aux particularités du micro-climat de la région, le matériel organique a été exceptionnellement bien préservé : on a retrouvé des objets en cuir et en tissu, des vanneries, des noix, des châtaignes et même des baies des bois.
Ces données uniques mises au jour au cours de la fouille sont en cours d’étude dans des laboratoires. Elles enrichissent de façon considérable notre connaissance de cette période du Bronze ancien au Caucase.
Le kourgane 3 d’Ananauri, qui date de la seconde moitié du IIIe millénaire, est désormais l’un des sites majeurs de cette époque.