Depuis son apparition en Afrique, le genre Homo a continuellement étendu son domaine géographique. Homo erectus est la première espèce documentée de façon certaine en Eurasie. Cette première sortie d’Afrique semble résulter avant tout du succès d’un nouveau modèle adaptatif qui rend ces hominines plus indépendants de l’environnement. Plutôt que d’une migration, il s’agit d’une dispersion à l’intérieur d’un domaine éco-géographique très vaste, rendu exploitable par une indépendance totale de ces formes vis-à-vis du milieu forestier et par un accroissement notable de leurs capacités de prédation. Néanmoins l’homme est resté longtemps une créature tropicale et ces premières occupations de l’Eurasie ne s’étendent guère au-delà du quarantième parallèle de latitude nord. La colonisation des moyennes latitudes s’opère plus tard, pour l’essentiel pendant le Pléistocène moyen, après 800 000 BP. Elle est contrariée par l’amplitude croissante des cycles glaciaires/interglaciaires qui affectent alors profondément la démographie des populations humaines, notamment en Europe. L’isolement géographique et génétique des méta-populations pléistocènes est à l’origine de la différenciation des néandertaliens, des dénisoviens et des formes ancestrales de l’homme moderne. Ce dernier groupe, après une longue évolution strictement africaine, et grâce à des capacités d’adaptations inégalées, finira par étendre son emprise sur l’ensemble de la planète en remplaçant ou en assimilant toutes les autres humanités.