Le cours s’intitule « À qui appartient la beauté ? », une question absolument rhétorique à laquelle on ne peut répondre. La beauté n’appartient sans doute à personne et l’objectif du cours sera de s’intéresser à cette question à partir d’objets, d’objets concrets, d’objets beaux, qui font partie du canon du beau, qui en tout cas ont l’honneur d’être dans des musées. À qui appartiennent ces objets ? Appartiennent-ils à leur local d’origine, à leur lieu d’origine, aux communautés d’origine ? Appartiennent-ils à l’Europe éclairée qui se les appropria ? Que racontent-ils sur l’Europe ? Faut-il les restituer ou non ? Ce sont des questions extrêmement complexes qui n’ont pas de réponse claire et distincte mais nous pouvons tenter d’y apporter des éléments de réponse nuancés.
Grâce au développement des techniques de digitalisation et de numérisation, il devient possible de créer des copies conformes à l’œuvre originale. Les musées européens pourraient alors restituer les œuvres aux pays d’origine, ne conserver que les copies, et expliquer, autour de ces dernières : « Nous avons eu les œuvres originales, nous les avons rendues et nous en gardons la trace numérique ». Mais certains, l’esprit chagrin, considèrent que la copie n’est pas l’œuvre originale et que, finalement, cette copie à cet endroit-là rend encore plus criante l’absence de l’original.